• Méditation du dimanche 23 août 2020

    Mt. 16/13-20   La confession de Pierre

     

    Nous arrivons avec cette page à un sommet de l’Evangile, qui précède de peu l’épisode de la Transfiguration, où le Père dira depuis la cime de la « très haute montagne » - l’Hermon je pense, voisine de Césarée de Philippe où Jésus se trouve présentement – « Celui-ci est mon fils bien-aimé en qui je me suis complu ».

     

    Lorsque Marie vint à Lourdes (en 1858), elle se présenta à Bernadette comme « L’Immaculée Conception », dogme qui avait été défini par Pie IX, quatre ans plus tôt (1854). Pierre ici vient de s’écrier : « Tu es le Christ le fils du Dieu vivant ». Le Père ne fait que confirmer sa confession quelques jours plus tard depuis la « haute montagne ».

     

    Il a dit vrai Simon-Pierre et c’est sur sa foi que se construit l’Eglise. Le « Fils de l’homme », qu’annonçait déjà le prophète Daniel, a Dieu pour Père. Dans son humanité il se rattache directement à la Paternité de Dieu, sans passer par « la chair et le sang », c’est-à-dire sans naître du coït reproducteur. L’Ange dit à Marie : « L’Esprit-Saint viendra sur toi et la puissance du Très-Haut te couvrira de son ombre ». Pierre ne connaît pas très bien encore le détail de cette conception, mais il sait qu’elle n’est pas semblable à celle des fils d’Adam et d’Eve. Joseph l’heureux père de cet enfant divin a surpassé la génération charnelle, comme son nom l’indique (Joseph = celui qui dépasse, en hébreu). Il a fait le sacrifice de ses chromosomes pour laisser à Dieu le soin de féconder. Il est devenu père « selon l’Esprit » et non pas « selon la chair ». Ainsi le Nom du Père a pu être sanctifié.

     

    Pierre a deviné tout cela, par une révélation d’En Haut. A vrai dire, ce n’était pas très difficile à comprendre, depuis le temps que Jésus opère auprès d’eux des prodiges et des miracles. Quand, par exemple, il a marché sur l’eau et calmé les flots, nous le lisions il y a peu, tous dans la barque se sont exclamé : « Vraiment tu es le Fils de Dieu ! » (Mt.14/33). Déjà Nathanaël, tout au début du ministère public s’était écrié : « Rabbi, tu es le Fils de Dieu, tu es le Roi d’Israël ! » (Jn.1/45-49), répondant ainsi à l’annonce prophétique exprimée par Samuel : « Je serai pour lui un Père, dit Yahvé, et lui sera pour moi un fils ». (2 Sam.7/14), repris par Nathan (2 ch.17/13) ; de même le psaume 2 : « Le Seigneur m’a dit : tu es mon Fils, dans un éternel aujourd’hui, je t’engendre ». (Ps.2/7) Pierre ne fait qu’exprimer ce que tout Israël espère. Mais il le clame haut et fort ; son cri jaillit du cœur, soufflé par l’Esprit. Du coup, l’élection va tomber sur lui : « Tu es Pierre et sur cette pierre, je bâtirai mon Eglise ». La pierre angulaire qui clôt l’édifice, nous le savons, c’est le Christ (Eph.2/20), mais la pierre de soutènement c’est Pierre, qui par sa profession de foi, porte l’édifice. L’Eglise ne tient debout depuis 2000 ans que grâce à cette parole : « Tu es le Christ, le Fils du Dieu vivant ». Tant qu’elle confessera cette foi, les « portes de l’Adès » ne prévaudront pas contre elle.

     

    Dieu sait si elles soufflent de tous côtés ces puissances de la mort ! Un seul objectif pour Satan : détruire l’Eglise, dans sa Foi plus que dans ses bâtiments ! Car elle porte les promesses de la vie impérissable cette confession de Pierre : vie apportée par le Verbe fait chair, et jusqu’au don de lui-même, vie communiquée à celui qui veut bien comme lui devenir fils de Dieu. Notre relèvement, notre véritable identité sont condensés dans ces quelques mots. Le péché nous a privés de la filiation divine ; la Foi et le Salut en Jésus-Christ nous restaurent en Dieu le Père. D’où l’importance de l’enjeu ! l’importance de cette institution qu’est l’Eglise dans la mesure bien sûr où elle reste établie sur la profession de Pierre.

     

    « Je te donnerai les clés du Royaume des cieux ». Autre l’Eglise, société de rétablissement de toutes choses, de soin et de convalescence je dirai… autre le Royaume, société enfin libérée du péché et de la mort, où la vie règne en plénitude, de même évidemment la sainteté. Ont-elles fonctionné ces clés qui ouvrent sur le Royaume ? Nous les voyons dans les mains de Pierre dans toutes les églises. Immobiles ? « Ce que tu lieras sur la terre sera lié dans les cieux, ce que tu délieras sur la terre sera délié dans les cieux ». Immense responsabilité de nos pasteurs, à qui Dieu a confié les « portes » du royaume. Leurs décisions ont une valeur d’autorité quasi divine, dans la mesure bien sûr où elles restent conformes à la foi. Pierre légifère, Pierre lie et délie ; les conciles, les papes l’ont toujours fait au cours des siècles, mais ont-ils conduit les fidèles à la pleine libération ? Non, pas encore. Ils leur restent un point capital à éclaircir : la nature du péché originel. Alors les portes de l’Adès seront scellées, et les « portes du paradis » ouvertes toutes grandes… La justice originelle refleurira sur la terre comme au ciel.

     

    Sur l’heure, il leur prescrit de ne rien révéler. Cette révélation de Jésus Fils de Dieu n’est pas encore accessible au commun des hommes. Il faudra la grande geste du sacrifice et de la résurrection du Christ pour qu’elle soit comprise, au regard des événements.

     

    Nous chantons en ces fêtes de l’Assomption cette antienne : « Par toi Marie les portes du paradis nous sont ouvertes, car aujourd’hui tu triomphes glorieuse avec les Anges ».

     

    Elle les a ouvertes ! Suivons-la !

    Marie-Pierre